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Participer à un débat


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I - Enjeux et objectifs

"Participer à un débat" signifie :

* Prendre la parole dans une discussion organisée et dirigée.

* Examiner une question avec plusieurs interlocuteurs.

* Faire valoir son point de vue dans une discussion collective en intervenant de façon pertinente et convaincante.

* Contribuer à éclaircir des points de vue opposés dans une discussion.

* Contribuer à faire évoluer les points de vue opposés vers un compromis.

Participer à un débat sert à :

* Développer ses capacités d’argumentation et de synthèse.

* Former le sens de l’écoute et celui de l’à propos.

* Enrichir son champ de réflexion, sa culture générale.

* Former son jugement, défendre ses opinions.

* Améliorer ses performances orales, vaincre sa timidité.

* Favoriser la communication, l’échange, la sociabilité.


II - Procéder par étapes

1 - Avant le débat

Définition du dictionnaire : un débat est une "discussion organisée et dirigée sur un sujet."
Pour intervenir de façon constructive dans un débat, il faut donc préparer le sujet qui sera débattu.

* Préparer le débat en s’informant sur le sujet :

- Apporter ses notes de recherche personnelle en particulier celles qui fournissent des exemples précis (statistiques, dates, chiffres, citations).

- Se munir d’un petit bloc-notes et d’un crayon pour noter au vol les idées des participants sur lesquelles on sera tenté de réagir.

2 - Pendant le débat

* Trois règles d’or avant d’intervenir :

1) Distinguer :

- la thèse : pour ou contre,
- les arguments qui expliquent,
- les exemples qui soutiennent, illustrent et renforcent les arguments.

2) Écouter et chercher à comprendre :

- De quoi est-on en train de parler ?
- Quelle est exactement la position qui vient d’être exposée ?
- Quels sont les arguments qui la soutiennent ?

3) Mobiliser ses propres arguments :

Sont-ils :
- complémentaires ?
- opposés ?
- identiques ?

* Trois règles d’or au moment d’intervenir :

1) Reprendre le propos de l’adversaire sur lequel on rebondit :

Une courte synthèse permet de montrer à celui que l’on va contredire ou compléter qu’on l’a entendu et compris.

2) Apporter un éclairage personnel sur le sujet (complément d’information ou contradiction) :

- Si on intervient pour renforcer la position de celui qui vient de parler, il faut apporter à la position qui vient d’être défendue un argument nouveau qui fera avancer le débat.
- Si on intervient pour contrer celui qui vient de parler, il faut, autant que possible, rester sur le même terrain, pour ne pas faire partir la discussion dans tous les sens.

3) Relancer la parole après son intervention :

- En posant une question à son auditoire.
- En demandant son avis à celui qu’on vient de contredire.

* Trois règles d’or sur le contenu de l’intervention :

1) L’intervention doit être ciblée, pertinente :

- Dans quel but a-t-on pris la parole ?
- A quel propos ?
- Quelle est la thèse (la position) proposée ?
- Quelle est la thèse (la position) à défendre ?

2) L’intervention doit être argumentée et illustrée :

- Par quel argument (quelle idée) renforcer la thèse défendue ?
- Par quel exemple (quel fait réel, historique, prouvé) illustrer l’argument pour le rendre recevable et convaincant ?

3) L’intervention doit être brève :

Il faut choisir un vocabulaire précis, une syntaxe simple de façon à éviter les digressions (quand on s’écarte du sujet) et les circonlocutions (quand on "tourne autour du pot").
Le message sera d’autant plus percutant qu’il sera bref.

* Trois règles d’or sur la façon d’intervenir :

1) Pas d’agression à la personne ("argument ad hominem") :

Celui qui profère une opinion n’a pas à être attaqué pour cette opinion, c’est sa position qui est attaquable, pas lui.

2) Ne pas couper la parole :

Il y a normalement un "donneur de parole" dans un débat : la lui demander en levant la main est le signe d’une bonne intelligence des règles de l’exercice... et aussi d’un respect d’autrui.

3) Ne pas confisquer la parole :

Sinon il ne s’agit plus d’un débat, mais d’un monologue ou d’un exposé.


III - Trucs et astuces

* "Préparer" oui, "programmer" non.

Pour prendre la parole en public, on est parfois tenté d’arriver avec un argumentaire (un ensemble d’arguments) "tout fait " sur la question. Ce n’est pas une bonne préparation au débat :

On aura tendance à vouloir "placer" cet argumentaire à tout prix dans la discussion, au mépris de ce qui se dit, et la participation au débat deviendra monologue ou exposé, comme quand on "confisque la parole" par de trop longues interventions...

* "Reprendre" oui, "répéter" non.

Même s’il est rassurant de redire ce qui a déjà été dit, il faut éviter de jouer l’écho ou... le perroquet dans un débat.
Si on a la même position que celui qui vient de parler, on peut conforter (et donc répéter) l’argument de celui qui vient de parler par un exemple différent, plus récent, plus percutant.

* "Résumer" oui, "noyer" non.

Faire une synthèse de ce qui a été dit avant de "rebondir" est souvent "aidant" pour les auditeurs distraits, qui seront ainsi plus concentrés sur le nouvel argument.

- Pas de synthèse - digression ! Il ne faut pas que la "synthèse"... soit plus longue que l’intervention qu’elle prétend synthétiser.

- Pas de synthèse - trahison ! Il ne faut pas non plus qu’elle trahisse le propos de celui à qui on répond.

* "S’inspirer" peut-être...

Une bonne "école" serait de regarder les émissions-débat à la télévision : celles-ci, quand elles tournent au dialogue de sourds, donnent des exemples éclairants.... de ce qu’il ne faut pas faire ; mais, quand elles mettent face à face des adversaires à la fois vifs et respectueux, elles sont une excellente formation au débat.


IV - Exemple

Sujet

"Participer à un débat sur la peine de mort."

Ce qu’il faut comprendre

"Participer..." signifie prendre la parole dans une discussion où tout les intervenants doivent pouvoir s’exprimer.

"...à un débat..." il s’agit donc de contribuer à éclaircir des points de vue opposés (pour ou contre).

"...sur la peine de mort." Le sujet du débat est "la peine de mort".

Ce qu’il faut faire

* Avant le débat :

Faire des recherches sur le sujet en se renseignant par exemple :

- Sur l’histoire de la peine de mort en France :

- Quand a-t-elle été instituée ? Abrogée ? Rétablie ?
- Sous quelle forme ?
- Sous quel régime ?
- Par qui ? À quelle occasion ?

- Sur la peine de mort dans d’autres pays.

- Chercher différents écrits qui lui ont été consacrés :

Par exemple : "La peine capitale" d’Albert Camus.

* Pendant le débat :

Avant d’intervenir

1) Distinguer la thèse, les arguments et les exemples :

- Thèse : contre la peine de mort.
- Argument (contre) : la peine de mort n’a pas de pouvoir avéré sur la prévention du crime.
- Exemple : Ainsi aux USA, les états qui pratiquent la peine de mort ne comptabilisent pas moins de crimes que les états qui l’ont abrogée.

- Thèse : pour la peine de mort.
- Argument (pour) : La peine de mort effraie les criminels en puissance, elle les dissuade de commettre des crimes de sang.
- Exemple : Baudelaire dit que le crime est produit par la nature et le progrès par la loi, que, naturellement, l’homme est poussé au crime mais que la loi, artificiellement, le retient sur cette pente dangereuse (Éloge du Maquillage, Baudelaire).

2) Délimiter le sujet pour orienter sa compréhension du débat :

- Sur le plan individuel : la peine de mort est-elle éducative ?
- Sur le plan collectif : la peine de mort est-elle protectrice ?
- Sur le plan moral : la peine de mort est-elle juste ?
- Sur le plan logique : la peine de mort est-elle une réponse appropriée au crime ?

3) Mobiliser ses propres arguments :

Pour la peine de mort :
- Solution dissuasive : la peur de la punition prévient l’action.
- Quelle meilleure solution proposer ?

Contre la peine de mort :
- Solution inefficace : non dissuasive pour des êtres soumis à une impulsion meurtrière donc non raisonnée.
- Solution immorale et absurde : proposer une loi violente pour s’opposer à la violence...
- Solution inutilisable : quand peut-on déterminer que nous sommes dans l’ultime ?

Au moment d’intervenir

Pour que l’exemple soit plus clair, nous considérerons pour cette partie que nous sommes "contre la peine de mort" et que notre adversaire est "pour la peine de mort".

1) Reprendre (et relancer) le propos de l’adversaire qui est "pour la peine de mort" :

"Oui, le criminel endurci qui prépare son crime sera retenu par la menace de la peine de mort..."

2) Éclairage personnel :

"...mais combien de criminels de ce type contre tous ceux qui tuent en se laissant emporter par une impulsion violente et imprévisible ?"

3) Relancer la parole après son intervention :

Formuler cette concession sous forme de question est aussi une façon de relancer la parole, de la faire passer à d’autres.

Le contenu de l’intervention

1) Une intervention brève, ciblée, pertinente :

- Une intervention dont le but est de venir à l’appui de l’argument soulignant l’aspect immoral de la loi instituant la peine capitale :

"Une telle loi (la peine de mort pour quelqu’un ayant donné la mort) ressemble fort à la loi du talion qui, dans les sociétés archaïques, disait "œil pour œil, dent pour dent" : la peine capitale n’est donc pas un progrès mais une régression."

- Une intervention dont le but est de contredire l’argument soulignant que la prison est une punition plus appropriée que la mort :

"Comment prétendre que l’emprisonnement des criminels fera une meilleure punition que la peine de mort alors que la prison les endurcit encore et accroît leur dangerosité ?"

- Une intervention non argumentée, donne par contre des positions peu convaincantes :

"Je suis contre la peine de mort par ceque ça me révulse"

"Je suis pour la peine de mort parce que c’est bien fait pour les criminels !"

2) L’intervention doit être argumentée et illustrée :

On pourra par exemple mettre la loi dans une perspective historique qui élargira la discussion, et qui la relancera du même coup, évitant au groupe de piétiner sur un même argument.

La façon d’intervenir

1) Pas d’agression à la personne ("argument ad hominem") :

L’argumentation ad hominem est à proscrire : elle affaiblit la cause que l’on veut défendre en la mêlant à des ressentiments personnels ou "politiques".
On évitera donc des propos du genre :

"La peine de mort est encore en vigueur dans pas mal de dictatures ! Cela ne m’étonne pas que tu la défendes !"
"Toi et tes utopies humanistes ! Mais tu rêves ! Il faut des lois, et des lois fortes, sinon c’est la jungle !"

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